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Qu’est-ce que le « cross-device » ? Il s’agit d’une pratique largement répandue aujourd’hui. En effet, elle consiste à étendre son expérience utilisateur sur différents appareils : ordinateur, smartphone, tablette, TV, smart watch. Nous évoquions dans un précédent article l’expérience cross-device offerte par certaines plateformes de streaming pour le jeu vidéo. Ces dernières donnent accès à une expérience de jeu équivalente sur différents appareils.
En effet, il est devenu aisé d’alterner entre différents écrans et différents systèmes d’exploitation. De nombreux logiciels et applications sont disponibles sur les supports les plus utilisés. Ainsi, il suffit d’entrer son identifiant et son mot de passe dans une application pour accéder à une continuité d’expérience entre différents appareils. Toutefois, l’interface n’est pas nécessairement unifiée entre les appareils.
Au-delà de cet usage multi-appareils, il existe la notion d’écosystème logicielle. C’est une version plus appuyée de la pratique de « cross-device » , . L’expérience utilisateur intègre une composante multi-appareils dans sa conception.
Par conséquent, il ne s’agit plus de différents appareils avec leur propre logique visuelle et fonctionnelle. Mais d’un ensemble d’appareils connectés qui partage cette logique. Au quotidien, un tel écosystème apporte une cohérence à l’expérience utilisateur. Ainsi, cette expérience est plus fluide, plus simple, plus rapide et plus stable.
Différents patterns d’utilisation sont alors considérés dans le paradigme de l’expérience utilisateur « multi-device » : Cohérence, synchronisation, partage d’écrans, changement d’appareil, complémentarité, simultanéité.
Il y a quelques années encore, le concept d’écosystème logiciel n’existait pas de façon répandue. Seul Apple le proposait par le biais de son système d’exploitation maison et de son Cloud. Aujourd’hui, avec le plein essor de l’Internet des Objets (Internet of Things, IoT) et du Cloud, il émerge en force chez divers grands constructeurs (Huawei, Samsung) qui viennent désormais rivaliser sur ce terrain.
Notre expérience utilisateur est conditionnée par les différences de nos appareils. Il est plus courant de passer des moments courts sur un smartphone dans des conditions de mobilité. Puis de passer des moments plus longs sur un ordinateur de bureau en condition sédentaire. Ainsi, nous pouvons considérer différents facteurs pour caractériser l’expérience utilisateur en fonction des appareils :
GPS, microphone, appareil photo, dalle tactile. Les technologies intégrées dans l’appareil peuvent apporter une dimension d’expérience supplémentaire à considérer.
Un petit écran doit optimiser son affichage tout en délivrant le même niveau d’informations qu’un grand écran. Cela demande un travail conséquent sur l’interface.
Une télévision délivre généralement une expérience plus passive qu’un smartphone et ne demande donc pas l’affichage des mêmes fonctionnalités, par exemple la présence ou non d’un espace de discussion à côté d’une vidéo en streaming.
Quelle est la durée moyenne d’utilisation de l’appareil ? L’expérience doit être réfléchie au regard du temps qui peut être alloué à l’appareil.
La distance physique pendant l’utilisation conditionne les usages possibles. Nous n’interagissons pas de la même manière avec l’écran d’une télévision et avec l’écran d’un smartphone ou d’une tablette. Ce sont deux supports au langage d’interaction différent : tactile vs. Télécommande. De la même manière, un smartphone et une tablette, bien que très similaires en termes d’utilisation (tactile), impliquent des contraintes différentes : poids et taille de l’appareil qui vont impliquer une approche différente de l’utilisateur.
Cette variable a également un impact sur l’interaction de l’utilisateur avec l’appareil. La mobilité implique des contraintes de temps, d’espace et même parfois de sécurité (affichage d’informations personnelles) à considérer lors de la conception de l’interface.
Ces facteurs permettent alors de déterminer la manière dont va être conçue l’expérience sur les différents appareils.
Pour ce faire, on va définir l’expérience multi-devices selon trois caractéristiques : la cohérence, la continuité et la complémentarité. Cette triade constitue le paradigme d’expérience utilisateur qui va permettre de concevoir des écosystèmes optimisés.
La cohérence de l’expérience concerne la visualisation des informations. Cette dernière est reproduite sur différents appareils, avec des adaptations aux caractéristiques de chaque appareil : les changements peuvent être visuels, en modifiant la disposition, les grilles ou les éléments de l’interface utilisateur, mais également fonctionnels, c’est-à-dire en adaptant l’architecture des informations.
La complémentarité d’expérience désigne l’interaction entre les différents appareils, lorsqu’ils sont connectés. Elle participe à créer une expérience utilisateur unifiée. Les différents appareils se renforcent mutuellement, ils peuvent collaborer en tant que groupe lié ou se contrôler mutuellement. L’expérience complète implique que l’utilisateur interagisse avec un minimum de deux appareils.
La continuité d’expérience accompagne quant à elle l’utilisateur de bout en bout. Tout appareil a la capacité de reprendre là où l’utilisateur s’est arrêté, l’aidant ainsi à atteindre son objectif final, quel que soit l’appareil sur lequel il a commencé son activité. Il peut s’agir d’une activité avec un seul objectif telle que la lecture d’un livre ou bien d’une activité avec plusieurs sous-objectifs telle que le shopping en ligne (sélection d’articles, détails des articles, paiement, commentaires retour une fois les articles reçus, etc.).
On pourrait résumer cet écosystème avec un diagramme à trois dimensions : l’affichage, la fonctionnalité et la linéarité.
Contrairement à l’informatique qui est centrée sur la machine, et dans laquelle le traitement efficace des données prime sur l’adaptation au contexte, l’informatique centrée sur l’homme fournit une interprétation personnalisée des données que la plupart des utilisateurs trouvent très pertinente pour leurs besoins. Les paradigmes informatiques sémantique, cognitif et perceptif fonctionnent alors ensemble pour produire des informations exploitables .
La prochaine étape est de produire des ordinateurs capables de traiter et d’analyser des données de manière hautement contextuelle et personnalisée à une échelle bien plus grande que ce dont le cerveau humain est capable. Les systèmes informatiques centrés sur l’être humain seront très proactifs en ce sens qu’ils détecteront, mesureront, surveilleront, prévoiront et réagiront aux domaines physique, cybernétique et social de l’utilisateur et soutiendront ainsi plus intimement toute décision ou action, enrichissant l’expérience utilisateur à un niveau encore bien supérieur.
Lindsay Chemet
Rédactrice scientifique
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