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Crédits d'impôt
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Le 13 juillet dernier, la Direction de la Législation Fiscale (DLF) a modifié sa doctrine sur de nombreux points. Après la présentation du champ d’application du Crédit d’Impôt Recherche, vous trouverez, ci-dessous, une synthèse des remarques qu’appelle de notre part une analyse à chaud des évolutions proposées et relatives aux dépenses qui intègrent son assiette, en particulier :
Si les amortissements des immobilisations affectées à la R&D, les dépenses liées aux brevets, COV, les dépenses liées à la normalisation ou à la veille technologique ne sont pas fortement impactés par cette mise à jour doctrinale, les dépenses de personnel et de travaux de R&D externalisés le sont davantage.
Cette mise à jour présente l’intérêt d’intégrer des évolutions légales, mais également jurisprudentielles.
En revanche, elle laisse subsister des zones d’ombre qui complexifient la gestion des contrôles :
Les intérimaires intègrent officiellement les catégories de profils non-salariés, éligibles au CIR de l’entreprise auprès de laquelle ils concourent aux travaux de R&D, menés par ses équipes techniques internes.
Nous pouvons regretter le maintien de la référence expresse aux règles du Code du Travail pour le personnel mis à disposition, qui complexifie la situation des entreprises utilisatrices déclarantes, alors même que la jurisprudence semblait accepter une certaine liberté formelle.
Par ailleurs, des précisions sont apportées sur l’exclusion du personnel de soutien. Un point d’attention peut être observé, s’agissant de la définition des activités de soutien, qui ne sont pas éligibles si elles ne sont pas réalisées directement dans le cadre de travaux R&D et par du personnel R&D : « réalisées par du personnel qualifié pour la R&D. Il s’agit notamment des activités administratives (dont les tâches de bureau et les activités des services centraux des finances et du personnel), de direction, juridiques et réglementaires, commerciales, de transport, d’entreposage, d’entretien et de maintenance, de sécurité et de qualité. Ces dépenses sont en effet couvertes par le forfait relatif aux dépenses de fonctionnement ».
S’agissant des Cotisations Sociales Obligatoires (CSO) au sens du CIR, et donc éligibles, l’Administration fiscale prend acte de la réforme de la réforme de l’ARGIC – ARRCO (retraite complémentaire), notamment, en précisant que sont éligibles :
Au titre des versements exclus, ne figure plus la CET :
Enfin, dans les points importants, la sous-section 2.5, consacrée aux frais de fonctionnement, est mise à jour sans modification substantielle :
Les organismes de recherche dont les prestations de recherche sont éligibles ont un paragraphe dédié.
Il est bien spécifié que TOUS les organismes devront être agréés en 2022, qu’ils soient privés, ou publics.
Une précision de la part du bureau des agréments, auprès du MESRI, serait la bienvenue, afin de comprendre les modalités d’agrément des organismes publics qui n’en n’ont pas aujourd’hui. Cette procédure sera nécessairement – de manière transitoire ? – différente de celle des prestataires privés, car les délais pour une première demande d’agrément, effective en 2022, sont déjà échus.
Le deuxième paragraphe est consacré à la définition des travaux de R&D externalisés.
Trois étapes dans la réflexion que peuvent suivre les entreprises déclarantes semblent pouvoir être identifiées.
Deux typologies de travaux externalisés doivent être dissociées :
S’agissant des travaux R&D externalisés, il est toujours précisé que ceux-ci doivent être de « véritables opérations de R&D nettement individualisées ». Leur réalisation peut être confiée complètement à un prestataire R&D ou menée en collaboration avec ce prestataire.
Dès lors, deux sous-catégories de sous-traitance R&D éligible peuvent être identifiées :
Dans un souci de pédagogie, la DLF propose un schéma. Ce dernier illustre le cheminement que doit suivre le contribuable pour dissocier les prestations R&D éligibles (bleu et gris), de celles qui ne le sont pas (prestation technique – orange – non éligible) :
Fort heureusement, un autre cas, celui des travaux scientifiques et techniques qui ne sont pas R&D, mais qui sont indispensables à la réalisation de l’opération R&D menée en interne, est repris (arrêt FNAMS).
Il est clairement indiqué que l’appréciation du caractère indispensables des travaux techniques, non intrinsèquement R&D, doit être réalisées de la même manière, qu’il s’agisse de travaux internes ou externalisés auprès de prestataires agréés.
La DLF propose cette fois des illustrations utiles sur les conséquences pratiques de l’application de la mesure anti-abus sur la sous-traitance en cascade.
Pour mémoire, depuis le CIR 2020, les opérations R&D ou techniques externalisées doivent être réalisées directement par les organismes de recherche publics ou privés agréés, auxquels elles ont été confiées.
La genèse de cette mesure est assez compréhensible :
Ainsi, si le sous-traitant de 1er rang sous-traite à un autre prestataire (de 2sd rang) tout ou partie des travaux confiés, son donneur d’ordre, qui avait choisi un prestataire agréé au CIR, pourrait se retrouver dans l’impossibilité d’intégrer la facture de ces travaux dans son CIR.
En réalité, la situation de ce donneur d’ordre va être différente, selon la qualité du prestataire de second rang retenu.
L’exemple proposé dans le BOFIP est éclairant :
Une tolérance est donc reconnue dans le cas où le prestataire agréé de 1er rang a choisi un prestataire de second rang également agréé au CIR.
Ce qui est dommage, c’est que la précision/information du donneur d’ordre sur les modalités de réalisation de la prestation sur la facture est recommandée, mais n’est pas exigée, ce qui oblige les donneurs d’ordre à être très vigilants, et a posé la question à leurs sous-traitants agréés (tout en conservant leurs réponses en prévision d’un éventuel contrôle de leurs CIR).
Un troisième paragraphe est ainsi consacré aux modalités de valorisation.
La fin du doublement des travaux de R&D externalisés vers un sous-traitant public est actée par la doctrine administrative.
Une précision intéressante est proposée par la doctrine, s’agissant des CIR 2020 et 2021.
En effet, le cas particulier d’un prestataire public (de 1er rang), qui sous-traite à un prestataire public (de 2sd rang) tout ou partie des travaux qui lui ont été confiés par un donneur d’ordre (initial) est décrit.
Dans ce cas particulier, le doublement est transférable aux travaux réalisés par le prestataire de second rang, dès lors qu’il est public et sans lien de dépendance avec le donneur d’ordre.
Un exemple intéressant est proposé au lecteur :
Enfin, des rappels et précisions sont indiqués s’agissant de l’application des différents plafonds applicables :
Ce qu’il faut retenir sur cette dernière partie, c’est que les modalités de calcul dans le CIR du donneur d’ordre des dépenses liées aux travaux R&D / techniques externalisés seront identiques, pour ceux réalisés dès 2022, qu’ils soient confiés à des prestataires privé ou publics agréés.
Olivia CERVEAU-REYNAUD
Directrice fiscale associée
Cf. Lois de Finances pour 2020 et 2021
Cf. Conseil d’Etat 22 juillet 2020 Fédération Nationale des Agriculteurs Multiplicateurs de Semences
Cf. CAA de Nantes du 5 novembre 2020 (19NT00453), CAA de Nancy 12 novembre 2020 (N°19NC01780), par exemple.