Le financement de l’innovation en 2025 : opportunités internationales pour les technologies de rupture

Par Mirelle TER VEER, Program Leader Innovation

ABGi est implanté à l’échelle mondiale, et accompagne ainsi ses clients dans l’optimisation de leur stratégie de financement, aux niveaux local, national et international. Aujourd’hui, identifier des opportunités de financement nationales, européennes et internationales, alignées sur les grandes tendances mondiales en matière d’innovation, est essentiel pour permettre l’essor des technologies de pointe. Afin de combler le déficit de financement auquel font face les start-ups deep-tech en phase de croissance et de soutenir le développement des secteurs industriels clés, nous vous proposons ici un aperçu des principales tendances et opportunités mondiales de financement de l’innovation.

Tendances mondiales en matière de financement de l’innovation

Les collaborations transfrontalières orientées vers la durabilité sont fortement encouragées par de nombreux dispositifs de financement. En 2025, le paysage mondial du financement de l’innovation est marqué par un alignement stratégique sur la deep-tech, la résilience climatique et les solutions basées sur l’intelligence artificielle (IA).

L’Union Européenne consacre 95,5 milliards d’euros au programme Horizon Europe (2021-2027), avec pour priorités les transitions verte et numérique. Des instruments clés tels que l’EIC Accelerator (634 millions d’euros en 2025), ciblent les technologies de rupture, tandis que les fonds de cohésion (392 milliards d’euros) visent à réduire les disparités régionales. Toutefois, la fragmentation demeure : seuls 10 % des dépenses de R&D sont mutualisés au niveau européen, contre un modèle largement fédéral aux États-Unis (0,8 % du PIB). En effet, il existe des modèles divergents : l’UE adopte une approche multi-niveaux (européen, national, régional), axée sur la cohésion et les projets orientés missions (par exemple, le Fonds pour une transition juste). Tandis que d’autres programmes internationaux privilégient une gouvernance centralisée (États-Unis, Canada) ou des partenariats public-privé (Royaume-Uni, Brésil).

À la suite de ces observations, le rapport 2024 de Mario Draghi préconise de doubler le budget du FP10 (deuxième volet d’Horizon Europe) à 200 milliards d’euros (2028-2035) et d’aligner les politiques nationales sur l’IA, le quantique et la biotechnologie dans le cadre d’un futur fonds de compétitivité. Cela permettra de se rapprocher du modèle des États-Unis, tout en mettant davantage l’accent sur les objectifs sociaux et climatiques.

En résumé, l’UE met l’accent sur la cohésion et le financement orienté missions, tandis que d’autres régions privilégient la scalabilité, et que les marchés émergents misent sur des solutions locales. L’IA et les technologies climat sont universelles, mais leur mise en œuvre diverge selon les régions. La complexité réglementaire et la pénurie de talents restent également des obstacles.

Aperçu des programmes de financement de l’UE ouverts aux pays non membres de l’UE

Bien qu’il existe de nombreux programmes différents, le tableau ci-dessous résume les principaux dispositifs européens auxquels peuvent prétendre les pays membres et non-membres de l’UE.

Programme Éligibilité UE Éligibilité hors UE Secteur clé
Horizon Europe (pilier 2 et EIC) Oui Pays associés/tiers R&D, Deep Tech
MSCA COFUND Oui Pays associés Formation à la recherche
Eureka Oui Plus de 44 pays R&D transfrontalière
Erasmus+ Oui Pays partenaires Éducation
LIFE Oui Pays partenaires Environnement/Climat
NDICI-Global Europe Oui Pays en développement Développement

Remarque : l’éligibilité des pays non-membres de l’UE dépend souvent d’accords bilatéraux ou d’alignements géopolitiques. Par exemple, le Royaume-Uni conserve son accès à Horizon Europe après le Brexit, tandis que le Canada y participe via association.

Le plan stratégique 2025-2027 d’Horizon Europe donne la priorité aux transitions verte et numérique, via des projets collaboratifs entre les partenaires de la quadruple hélice. Il met également l’accent sur le renforcement de l’autonomie stratégique ouverte de l’Europe, avec de nouveaux partenariats dans l’énergie photovoltaïque, les mondes virtuels ou encore la préservation du patrimoine culturel résilient.

Ce programme phare de l’UE finance les projets collaboratifs (plus de 3 entités juridiques indépendantes provenant de plus de 3 pays différents) à hauteur de 100 % (pour les actions de recherche et d’innovation, dans le pilier 2) et généralement à hauteur d’environ 70 % pour les projets individuels et/ou avec une TRL plus élevée. Les États membres de l’UE ainsi que les pays associés à Horizon Europe (par exemple : Royaume-Uni, Canada et Norvège) sont éligibles, et des accords bilatéraux permettent la participation de pays tiers (par exemple : Corée du Sud). Les projets sont souvent orientés missions (par exemple : recherche sur le cancer, santé des sols…) et doivent respecter les politiques de science ouverte.

Dans le pilier 1, les Actions Marie Sklodowska Curie (MSCA) encouragent l’éducation, la mobilité et la formation technique et transversale. Le MSCA-COFUND cofinance des programmes doctoraux et postdoctoraux régionaux ou nationaux (50 % des coûts des chercheurs), le reste étant financé par l’institution d’accueil. Les institutions des Etats membres et des pays associés gérant des programmes de recherche sont éligibles, mais les chercheurs qui postulent au projet financé doivent respecter des règles de mobilité spécifiques (par exemple, pas de résidence supérieure à 12 mois dans le pays d’accueil avant le projet).

Dans le pilier 3, l’UE consacre 1,4 milliard d’euros via le Conseil européen de l’innovation (EIC) pour développer des technologies de rupture telles que les outils médicaux basés sur l’IA générative, les robots de construction autonomes et les cultures résistantes au climat. Le nouveau programme STEP Scale-Up vise à tripler les co-investissements privés dans le secteur du numérique, des technologies propres et des biotechnologies, avec un objectif de 900 millions d’euros d’ici 2027.

Ces programmes ciblent principalement les PME, critère également central pour le programme Eureka. Ce dernier est flexible dans sa conception, mais utilise des critères et plateformes communs : la majorité des financements soutient les PME, tout en permettant un soutien à d’autres types d’entités dans certains cas. Un projet type a une finalité civile, implique une collaboration entre des organisations basées dans plus de deux pays Eureka (plus de 40 pays participent au programme, dont le Royaume-Uni, le Canada et le Brésil), se concentre sur la R&D d’un nouveau produit, procédé ou service, et est orienté vers le marché.

A l’instar du MSCA-COFUND, le programme Erasmus+ promeut l’éducation, la mobilité des jeunes et la formation professionnelle dans plus de 30 pays, en soutenant des consortiums de plus de 3 organisations issues de pays différent. Les subventions couvrent jusqu’à 80 % des coûts du projet, avec un plafond à 1 million d’euros pour les partenariats stratégiques. Les États membres de l’UE et les pays associés (par exemple, l’Islande et la Turquie) sont éligibles, tandis que les pays tiers (par exemple, d’Afrique ou d’Asie) peuvent postuler via des partenariats spécifiques.

Axé sur la durabilité, le programme LIFE est exclusivement dédié aux objectifs environnementaux, climatiques et énergétiques, soutenant des projets qui favorisent la durabilité, la biodiversité et la transition énergétique. Il finance des démonstrations innovantes, la mise en œuvre de politiques et des déploiements à grande échelle, notamment la conservation de la nature, l’économie circulaire et l’adaptation au changement climatique. Les taux de cofinancement varient généralement de 55 % à 95 %, selon le type de projet, avec des taux plus élevés pour les projets intégrés ou prioritaires. Les entités éligibles comprennent les organisations publiques et privées des États membres de l’UE ou pays associés (par exemple, l’Islande, la Moldavie et l’Ukraine), tandis que les entités non européennes (par exemple, les agences de l’ONU) peuvent participer par le biais de partenariats dédiés.

Un autre fonds d’action pour le développement durable est le NDICI-Global Europe. Son budget total (79,5 milliards d’euros) permet aux ONG, PME et organismes publics de contribuer au développement durable, à l’éradication de la pauvreté et à la stabilité géopolitique en Afrique, Asie et en Amérique latine. Les taux de financement varient de 51 % à 95 %, selon le programme (par exemple, les initiatives en matière de droits de l’homme sont plafonnées à 95 %). Les engagements en matière de climat et d’APD (30 % des dépenses consacrées au climat, 93 % de conformité à l’APD) sont des priorités essentielles.

Afin de réduire les disparités régionales grâce à des infrastructures de R&I, le Fonds européen de développement régional (FEDER) cofinance des projets des États membres de l’UE et des projets transfrontaliers avec des pays voisins non membres de l’UE (par exemple, les Balkans occidentaux). Le taux de financement varie selon les régions, entre 50 et 85 % de cofinancement de l’UE.

Financement des secteurs clés et des technologies émergentes au sein et en dehors de l’Europe

En Europe, la France et l’Allemagne sont en tête de l’innovation en matière d’IA et de technologie quantique. La France a lancé un plan massif, « Mistral AI », de 109 milliards d’euros consacrée à l’IA, tandis que l’Allemagne déploie son initiative « Current AI » (400 M€) visant à accélérer les applications industrielles.

Le Royaume-Uni s’efforce de combler son déficit de financement en phase de croissance (estimé à 375 milliards de dollars) grâce à des programmes tels que les Smart Grants d’Innovate UK (1 million de livres sterling pour la R&D à fort impact) et les Innovation Loans Future Economy (2 millions de livres sterling pour la commercialisation en phase avancée). En outre, les Knowledge Transfer Partnership (9 millions de livres sterling) favorisent les liens entre le monde académique et les PME afin de valoriser la R&D.

La Pologne émerge comme un pôle de R&D transfrontalière via le programme Eurostars d’Eureka, tandis que l’Irlande s’appuie sur son écosystème technologique attractif pour attirer les start-ups spécialisées en Bureau de l’innovation réglementaire de l’UE, réduisent les obstacles pour les technologies émergentes, bien que la pénurie de talents reste un défi majeur.

Au-delà de l’Europe, le Canada consacre 1,2 milliard de dollars à son programme Net Zero Innovation, axé sur l’hydrogène et le captage du carbone. Le Brésil, via son Climate Finance Lab, oriente ses financements vers l’agriculture durable et la bioéconomie liée à l’Amazonie. Les États-Unis dominent l’investissement mondial en IA (245 milliards de dollars depuis 2015), les investisseurs privilégient désormais les start-ups qui allient rentabilité et critères ESG, à l’image du tour de table de 6,6 milliards de dollars d’OpenAI.

Principaux défis pour les pays non-membres de l’UE et clés du succès

Les pays non-membres de l’UE sont confrontés à plusieurs défis récurrents lorsqu’ils sollicitent des subventions de l’UE, qui découlent à la fois de facteurs structurels et procéduraux : obstacles liés à l’éligibilité, à la formation de partenariats, aux règles financières, à la complexité administrative, à la langue, à la qualité des propositions et à l’évolution du paysage politique. Pour surmonter ces défis, il faut une préparation minutieuse, des partenariats solides avec l’UE et une compréhension approfondie des exigences du programme et du contexte politique européen plus large. En établissant des partenariats solides, en investissant dans le soutien interne, en s’alignant sur les priorités de l’UE et en maintenant l’excellence administrative, les pays non-membres de l’UE peuvent améliorer à la fois la qualité et le taux de réussite de leurs demandes de subventions européennes. Les outils et réseaux clés à utiliser comprennent, sans s’y limiter, ceux présentés dans le tableau ci-dessous :

Outil/Réseau Objectif Comment cela aide une entité
Portail des financements et appels d’offres de l’UE Portail central pour tous les appels à financement de l’UE, la recherche de partenaires et la soumission de propositions Rechercher des appels, vérifier l’éligibilité, rechercher des partenaires, soumettre des propositions
CORDIS Base de données des résultats de recherche et des projets financés par l’UE Identifiez les projets couronnés de succès et les partenaires potentiels
Réseau Entreprise Europe (EEN) Soutien aux PME et recherche de partenaires Trouvez des partenaires de recherche et d’affaires, bénéficiez de conseils d’experts, accédez à un soutien à l’innovation
Points de contact nationaux (PCN) Assistance-conseil nationale pour le financement européen Conseils d’experts, recherche de partenaires, examen des propositions, journées d’information
Ideal-ist Recherche de partenaires spécialisés dans les TIC et événements de mise en relation Trouvez des partenaires numériques/TIC, participez à des séances de mise en relation, accédez à des idées de projets
Événements de courtage et journées d’information Réseautage et informations sur les appels Rencontrez des partenaires potentiels, apprenez des évaluateurs et des candidats retenus
Spinbase, techfunding.eu, Green Deal Office Moteurs de recherche thématiques pour les opportunités de financement Filtrez les appels à projets par thème, région et éligibilité

Perspectives et appels à projets ouverts

En résumé, l’avenir du financement de l’innovation sera collaboratif, orienté missions et interconnecté à l’échelle mondiale. En s’alignant sur les priorités stratégiques et en tirant parti des réseaux émergents, les pionniers pourront se positionner à l’avant-garde des technologies de rupture.

Le paysage mondial du financement de l’innovation entre dans une phase de transformation, sous l’effet des tensions géopolitiques et de l’accélération de la compétition technologique. Le Fonds de compétitivité de l’UE (après 2028) marquera un engagement à long terme en faveur de l’IA, du quantique, de l’espace, de la biotech et des nouvelles énergies.

En outre, le programme STEP Scale-UP de l’EIC et l’ouverture d’Horizon Europe aux pays élargis traduisent une volonté de démocratiser l’accès aux financements deep-tech.

Parallèlement, les économies émergentes (comme le Brésil) donnent la priorité aux technologies climatiques et à l’inclusion numérique. Tandis que d’autres pays développent des programmes bilatéraux pour combler les écarts mondiaux en matière de R&D, grâce à des partenariats transfrontaliers (par exemple, le Global Entrepreneurship Challenge 2025).

Les programmes européens et internationaux mettent de plus en plus l’accent sur la durabilité, en lançant des appels à projets axé sur l’innovation verte.

Les programmes EIC Pathfinder et Eureka Eurostars continuent de jouer un rôle essentiel dans le financement transfrontalier de la R&D et des technologies de rupture, tandis que la résilience de l’UE est renforcée par le Fonds européen de défense, qui cible les technologies spatiales à double usage, alignant ainsi l’innovation civile et militaire.

Ce ne sont là que quelques exemples ; le portail « Financement et appels d’offres » de l’UE vous donnera accès à tous les appels à projets ouverts sur les différents thèmes de l’UE. Les points de contact nationaux proposent en outre des services de conseil gratuits pour la constitution de consortiums et l’amélioration des propositions.

La Funding Map d’ABGi répertorie les appels à projets pertinents au niveau local et international, et notre équipe de consultants experts se tient à votre disposition pour vous apporter toute l’aide dont vous pourriez avoir besoin.

Vous aimerez aussi

Cybersécurité de l’intelligence artificielle : un enjeu stratégique

D’après une enquête réalisée par IBM, 59 % des entreprises travaillant déjà avec l’IA ont l’intention d’accélérer leurs investissements dans cette...

Wizbii : 10 ans d’innovation numérique au service du pouvoir d’achat

Née il y a une décennie à Grenoble, Wizbii s’est imposée comme une référence dans l’univers des plateformes numériques. Avec...

Appel à projets européen CEF AFIF – Alternative fuels infrastructure facility

L’appel à projets France-Allemagne vise à promouvoir et soutenir financièrement des partenariats en innovation entre entreprises françaises et allemandes.