Performance des achats de transport collectif
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Par Mirelle TER VEER | PhD, Program Leader Innovation
Cet article complète le précédent point de vue ABGi, « Innovation et médicaments : l’enjeu des biomédicaments », avec des données venant des rapports de BPI France/MabDesign et LEEM (Oct. 2025) et des publications par la presse spécialisée.
Les biothérapies et la bio-production deviennent des leviers clés de l’innovation en santé, offrant des perspectives majeures pour développer de nouveaux traitements plus efficaces, plus sûrs et plus personnalisés. Elles représentent également un espoir thérapeutique majeur pour plus de 10 millions de personnes concernées par les cancers, maladies auto-immunes et maladies rares qui ne peuvent pas être traités efficacement par les traitements actuels. Nous vous présentons une analyse claire, factuelle et actualisée, afin de comprendre l’évolution du secteur et d’identifier les opportunités de financement.
La filière des biomédicaments s’est structurée rapidement. Aujourd’hui, 60% des médicaments en développement dans le monde sont des biomédicaments. En France, le nombre d’acteurs augmente. De même, le pipeline se diversifie et les capacités de production se renforcent. Les enjeux de souveraineté sanitaire deviennent stratégiques.
Concrètement, d’après le rapport 2025 de Bpifrance & MabDesign et l’Observatoire de la filière 2025 de France Biolead, la France compte aujourd’hui :
Au total, la filière dépasse les 1 000 entreprises spécialisées, contre environ 500 en 2014. Cette croissance est multifactorielle. Elle résulte des investissements publics, de la structuration progressive des écosystèmes, et de la création de bioclusters (e.g. Paris Saclay Cancer Center, Genother, ID2, Marseille Immunology Biocluster).
Le secteur enregistre aussi une avancée notable : la France se positionne dans le TOP 4 des déposants de brevets européens dans le domaine des biothérapies et de la bioproduction avec 5 986 familles de brevets actives en 2025, offrant de nombreuses opportunités de partenariats public-privé et de transfert de technologies. De plus, on compte actuellement 47 biomédicaments dont la substance active est produite en France. Ce chiffre représente un changement important pour la souveraineté sanitaire. Il montre que la France ne se limite plus au développement. Elle avance aussi dans la production. Plus précisément, en 2024, la filière affiche 48 transactions (incluant fusions-acquisitions et partenariats) et 27 levées de fonds pour un montant total estimé à 6,5 milliards d’euros.
Bien positionnée sur les technologies matures telles que les vaccins et les dérivés du sang, la filière française dans le domaine des biothérapies et de la bioproduction doit encore se renforcer sur les segments des anticorps et des médicaments issus des thérapies innovantes, où la concurrence européenne est plus avancée.
Les priorités actuelles dans l’innovation biotech reflètent les besoins industriels. Elles concernent notamment les protéines thérapeutiques, les thérapies cellulaires et géniques, les vaccins, ainsi que les technologies et procédés de bio-production — automatisation, micro-fluidique, plateformes modulaires. En effet, 35 formulations originales de vaccins en développement et 105 produits uniques de thérapie cellulaire et thérapie génique en expérimentation ont été mentionnées dans le rapport Bpifrance & MabDesign.
Ces innovations créent cependant de nouveaux besoins. Ainsi, le secteur doit sécuriser ses infrastructures, renforcer ses compétences en bio-production GMP, automatisation, digitalisation et data.
Des autres fragilités peuvent être identifiées :
Sans cette capacité, les biothérapies innovantes peinent à atteindre les patients. La consolidation des avancées dépend de la capacité du secteur à sécuriser ses financements, à attirer les talents et à renforcer sa production locale. Les entreprises devront structurer leurs stratégies de R&D, leurs plans d’industrialisation et leurs montages financiers pour capter les opportunités. En conséquence, les acteurs publics devront continuer à soutenir les projets structurants et à faciliter la montée en échelle. La structuration actuelle s’appuie sur un soutien public massif.
L’État consacre 7,5 milliards d’euros à l’innovation santé dans France 2030, dont 800 millions d’euros spécifiquement pour les biothérapies et la bio-production. De même, la Stratégie d’Accélération Biothérapies–Bio-production (SABB) joue un rôle central. Elle finance des projets de R&D, d’industrialisation, et des infrastructures techniques. Ces aides combinent subventions et avances remboursables. Depuis 2020, Bpifrance a mobilisé 815 millions d’euros dans le secteur de biothérapies/bio-production.
Enfin, en 2024, Bpifrance et l’État ont déployé :
Une belle illustration de financement public dans le secteur peut être mise en avant. Il s’agit du projet européen BioIMP (2024–2027, mobilisant environ 20 M€, dont 17,8 M€ de fonds européens), porté par la région Bourgogne-Franche-Comté, qui vise à moderniser les procédés industriels. Ce type d’initiative montre l’intérêt croissant pour les technologies de production et la souveraineté industrielle.
En parallèle, les groupes pharmaceutiques réinvestissent en France : 6,3 milliards d’euros investis sur les cinq dernières années par des grands groupes pharmaceutiques (Sanofi, Novo Nordisk, LFB…) et 150 millions d’euros levés en capital-risque par 10 jeunes entreprises du secteur en 2024. Sanofi a également annoncé un investissement de plus de 40 M€ à Lyon-Gerland pour renforcer sa bio-production d’anticorps. Ces annonces s’inscrivent dans un mouvement plus large : redéployer une part de la production pharmaceutique sur le territoire.
Tous ces AAPs financent non seulement la R&D, mais aussi la scale-up industrielle, la fabrication d’ATMP (Advanced Therapy Medicinal Products), la digitalisation des procédés, et la bio-production & manufacturing. (cf. AAPs en 2025 “ATMP manufacturing”, “boosting translation of biotech research into therapies’’). Ils permettent aussi l’accès à des financements pour des startups et PME biotech / deeptech via EIC Accelerator ou EIC Pathfinder / Transition — un levier pour passer de la preuve de concept au marché. Pour les équipes académiques ou de recherche publique, et sans exclure les industriels, les dispositifs MSCA offrent de la mobilité, du recrutement de chercheurs et des partenariats internationaux — utiles pour des projets de R&D en biothérapies / bio-production. D’une façon similaire, l’ERC finance des projets de recherche exploratoire. Ces projets devront être aux frontières de la connaissance, dans tous les domaines de la science et de la technologie.
Afin de contribuer à des décisions plus pertinentes et à un accès plus équitable aux innovations, une participation renforcée des patients, ainsi qu’une implication structurée, est nécessaire. Le LEEM, très actif dans le soutien à ce secteur stratégique pour notre Souveraineté, insiste sur la nécessité d’une implication structurée via des associations représentatives, d’une transparence accrue (déclarations d’intérêts) et d’un socle méthodologique homogène.
Dans ce cadre, le nouveau règlement européen sur l’évaluation des technologies de santé (HTA), applicable depuis janvier 2025, harmonise les évaluations cliniques au sein de l’Union Européenne, afin de renforcer la qualité scientifique, la transparence et l’accès des patients aux innovations. Ce nouveau règlement instaure des évaluations cliniques communes, des consultations scientifiques conjointes et un cadre méthodologique partagé entre États membres. Le rapport du LEEM souligne que cette réforme constitue une opportunité majeure d’intégrer plus systématiquement la voix des patients. Leur participation est encouragée à toutes les étapes clés, notamment pour définir les besoins cliniques, préciser les critères de résultat importants et éclairer les impacts sur la qualité de vie.
Outre l’implication renforcée des patients, les innovations dans la production des biomédicaments exigent des unités flexibles, modulaires et capables de gérer des technologies différentes. Le secteur doit donc accélérer la construction de nouveaux sites, moderniser les lignes existantes et sécuriser la montée en volume.
Un autre défi majeur est observé : la majorité des projets atteignent aujourd’hui les phases cliniques tardives. Les coûts augmentent et les besoins de capital deviennent élevés. Le risque de blocage sur les phases II/III reste donc réel. En plus des défis techniques, la tension sur les talents s’amplifie. Les entreprises recherchent des techniciens, des ingénieurs de bio-production, des experts data, des chefs de projet industriels et des formateurs. La formation doit s’adapter rapidement, à travers des initiatives comme le Campus Biotech Digital et l’Observatoire de la Bio-production.
Les États-Unis et la Chine dominent encore le marché, il est donc nécessaire pour l’Europe d’accélérer son avancement. La France joue une carte importante en consolidant sa place par la qualité de son innovation, sa coordination et sa capacité industrielle. Malgré les défis (compétitivité élevée entre projets, exigences de consortiums (européens), pression sur les délais, besoin de structuration administrative), la conjonction de fortes ambitions de financement, d’un pipeline diversifié, d’un écosystème structuré et d’un calendrier d’appels à projets dynamique fournit des opportunités réelles à la filière.
Pour les acteurs de la bio-production et des biothérapies — entreprises, start-ups, laboratoires, hôpitaux — les prochaines années 2026/2027 offrent une fenêtre d’opportunités majeure. Comme l’évoquait en clôture de l’événement « Biothérapies et bio-production les prochains défis de la révolution thérapeutique » Anne Jouvenceau, coordinatrice de la stratégie d’accélération Biothérapies / Bio-production de France 2030 au sein de l’Agence de l’innovation en santé, « la filière française s’est densifiée, professionnalisée et se trouve mieux structurée. ».
Cette structuration crée un terrain propice à l’émergence de nouvelles technologies, comme les thérapies innovantes, les thérapies géniques de nouvelle génération ou encore les biomédicaments. Ainsi, même si l’investissement de l’État est significatif dit-elle, le véritable défi est de permettre à l’innovation d’accéder au marché ; en d’autres termes, de réussir à “transformer l’essai”.
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Innovation Fund 2025