Industries culturelles et créatives (ICC) : les dispositifs de financement européens et nationaux ouverts
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Par Roby Personnaz, Consultant en financement de l’innovation
L’activité physique constitue l’un des piliers les plus puissants et les plus sous-exploités de la santé publique. Bien plus qu’un vecteur de performance ou de loisir, le sport est désormais reconnu comme une intervention à fort rendement préventif, dont les bénéfices sont démontrés scientifiquement et évaluables économiquement.
« Un euro investi dans le sport c’est 13 euros d’économisé ». C’est ce qu’affirme l’étude conduite par France Stratégie pour le ministère des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques (2025). Ainsi, la pratique régulière d’une activité physique permettrait de générer en France jusqu’à 36 milliards d’euros d’économies annuelles. Ces économies sont liées à la réduction de l’incidence et de la sévérité de nombreuses pathologies chroniques :
L’étude de ces impacts repose sur des travaux scientifiques solides. Ils montrent qu’une augmentation même modérée de l’activité physique dans une population réduit significativement la mortalité prématurée, la dépendance à long terme, et le nombre de journées d’hospitalisation.
En effet, la sédentarité constitue aujourd’hui l’un des premiers facteurs de risque à l’origine de maladies chroniques dans les sociétés occidentales. La sédentarité tue plus que le tabac. Faire du sport c’est gagner en moyenne 3 ans d’espérance de vie.
Ces bénéfices ont un écho direct en entreprise.
La pratique d’une activité physique régulière :
D’après le rapport France Stratégie, les salariés pratiquant une activité physique déclarent 18 % de stress perçu en moins et 31 % d’amélioration du sommeil.
Malgré ce potentiel bien documenté, la majorité de la population reste éloignée d’une pratique suffisante. En France, selon l’Anses (2022), 95 % des adultes sont exposés à un risque sanitaire lié à un manque d’activité physique ou à une sédentarité excessive. Les freins sont multiples : manque de temps, d’encadrement ou de motivation. C’est ici que la recherche et l’innovation jouent un rôle transformateur.
L’évolution des capteurs biométriques, inertiels ou physiologiques ces dix dernières années constitue une révolution silencieuse, mais décisive pour le développement d’une prévention en santé fondée sur la donnée.
En effet, les capteurs de demain vont bien au-delà de la première vague d’objet connecté que le grand public a connu (podomètres, bracelets d’activité, montres GPS…). Aujourd’hui, les capteurs dits IMU (Inertial Measurement Units) combinent accéléromètres, gyroscopes et magnétomètres. Ils permettent une analyse fine du mouvement, de la posture, de l’équilibre ou de la gestuelle. Utilisés dans des dispositifs comme les ceintures ou les semelles, ou même intégrés dans des textiles intelligents, ils permettent un retour d’information précis sur la symétrie de course, la propulsion, les impacts ou la coordination, voire même certaines données biologiques comme la fréquence cardiaque, l’activité musculaire ou la dépense énergétique.
Ces technologies trouvent d’autres applications dans le cadre du vieillissement actif ou de la prévention des chutes. Elles sont d’ailleurs testées dans plusieurs EHPAD et collectivités. Par exemple, la start-up E-Vone développe une chaussure connectée dotée d’un capteur d’accélérométrie et d’un GPS, qui alerte automatiquement les aidants en cas de chute.
Au-delà du mouvement, la nouvelle frontière est celle de la mesure de biomarqueurs en continu. L’objectif est de mesurer de façon non-invasive, des indicateurs biologiques susceptibles de signaler une fatigue excessive, un stress chronique ou un déséquilibre métabolique comme la variabilité de la fréquence cardiaque (utilisé dans le sport professionnel, cet indicateur permet, par exemple, de mesure la récupération du système nerveux), le lactate (là aussi très utilisé dans les clubs professionnels pour mesurer la charge d’entrainement), la glycémie ou encore le cortisol (pour la mesure du stress).
Les capteurs Supersapiens ont été les premiers à démocratiser la mesure en continu du glucose pour les sportifs. Ces données permettent de planifier l’alimentation autour des efforts, mais aussi de détecter des profils métaboliques spécifiques (pour personnaliser son alimentation). Cela peut également permettre de quantifier les besoins glycémiques des sportifs, sujet de recherche très peu exploré dans de nombreux sports.
D’autres technologies, comme des patchs de sudation, sont capables de collecter l’électrolyte, le sodium, ou le pH, pour surveiller la déshydratation ou l’épuisement. Ces outils trouvent également des applications chez les travailleurs exposés à la chaleur (BTP, agriculture), ou les patients en rééducation cardiaque.
L’essor des capteurs corporels a généré une quantité de données sans précédent sur les états physiologiques, cognitifs et comportementaux des individus.
Cependant, la captation de données ne fait pas tout. Il faut la contextualiser et l’interpréter. En effet, sans traitement intelligent et recommandations, ces données sont inutilisables pour le grand public et pour les professionnels.
Des innovations se développent concernant la modélisation dynamique des profils utilisateurs. À partir d’une combinaison de données et d’algorithmes d’intelligence artificielle, il est possible de construire un jumeau numérique de l’individu. Cela permet :
Ce dernier point est particulièrement important.
L’intégration des sciences psychologiques et comportementales est essentielle pour ces innovations. L’observance des programmes sportifs en prévention primaire ou secondaire chute souvent en dessous de 40 % après 3 mois, faute de suivi ou de motivation. Ces recherches permettent de modéliser les routines de l’utilisateur et de proposer des micro-actions ciblées, basées sur les sciences comportementales (nudging, psychologie positive, renforcement positif…) pour l’aider à passer à l’action.
Ces innovations ne se limitent pas à l’utilisateur final. Elles constituent également un outil d’aide à la décision pour les professionnels de santé, en particulier dans le cadre du sport sur ordonnance ou de la rééducation.
Cela permet de proposer aux médecins, kinésithérapeutes, pharmaciens, ou autre professionnel de santé :
Plusieurs hôpitaux, assureurs ou mutuelles commencent à innover dans les parcours de soin connectés, notamment dans le cadre du sport sur ordonnance, la télésurveillance ou encore la prévention des risques professionnels. Par exemple, Malakoff Humanis teste des parcours de prévention personnalisée, combinant données d’entrées de nombreuses sources et intelligence artificielle permettant des recommandations personnalisées.
Au-delà de la donnée et de l’interprétation, une troisième dimension innovante transforme aujourd’hui la pratique sportive orientée santé : l’immersion sensorielle. L’objectif est de rendre la pratique sportive plus engageante, plus ludique, mais aussi plus accessible.
La réalité virtuelle (VR) constitue un axe d’innovation majeur en sport santé. Utilisée dans le sport professionnel en entrainement et réathlétisation, la VR est aujourd’hui également mobilisée dans la rééducation post-AVC ou post-traumatique, avec des résultats significatifs sur la récupération motrice, la motivation à l’effort, et l’adhésion aux protocoles.
Des études cliniques montrent que la VR « augmentent l’adhérence au traitement et la tolérance à la douleur, facilitant l’atteinte d’autres objectifs comme l’amélioration de l’amplitude des mouvements et des performances fonctionnelles ». Elle permet également une progression fonctionnelle +8,7 %.
Au-delà de la rééducation, la VR est désormais utilisée dans des programmes de prévention du vieillissement cognitif ou de l’anxiété. La plateforme Lumeen, par exemple, propose des balades immersives et des jeux de mémoire en réalité virtuelle pour les résidents en EHPAD, avec des effets positifs mesurés sur l’humeur et la qualité de vie.
L’exergaming (contraction de exercise et gaming) repose sur l’idée que le jeu vidéo peut être un moteur puissant pour induire de l’activité physique, sans que celle-ci soit vécue comme une contrainte. L’exergaming est devenu un véritable secteur d’innovation, particulièrement efficace auprès de publics éloignés du sport (enfants, adolescents, personnes âgées ou en situation de handicap). Les Ring Fit Adventure (Nitendo) sont utilisés dans des EHPAD japonais pour améliorer la posture et le tonus musculaire, tout en maintenant la motivation grâce à une narration ludique. Zwift transforme le vélo d’appartement en course multijoueur connectée. VRWorkout, une application de boxe en réalité virtuelle, déclenche une dépense énergétique équivalente à un HIIT (type d’entrainement à haute intensité).
Le rapport France Stratégie (2025) rappelle que les outils ludiques et immersifs augmentent de 2 à 3 fois l’observance des programmes d’activité physique chez les adolescents et les patients chroniques. Cette gamification du sport-santé est désormais intégrée à plusieurs protocoles hospitaliers, et commence à faire l’objet de remboursements partiels dans certains parcours APA (activité physique adaptée).
En France, le Crédit d’Impôt Recherche (CIR) et le Crédit d’Impôt Innovation (CII) sont deux dispositifs particulièrement pertinents. Le CIR permet aux entreprises de récupérer une partie des dépenses liées à la recherche et développement (R&D). Le CII, quant à lui, cible les PME développant des innovations technologiques ou procédurales. Certains projets en sport santé peuvent être éligibles à ces crédits d’impôts.
À ces dispositifs s’ajoute le Crédit d’Impôt Jeux Vidéo (CIJV), qui peut s’avérer intéressant pour le développement d’applications ou environnements virtuels à visée sportive ou préventive. Ce crédit d’impôt, qui couvre jusqu’à 30 % des dépenses de production pour des jeux vidéo à forte dimension créative et innovante, devient un levier mobilisable, dès lors que le projet obtient l’agrément culturel délivré par le CNC. La Loi de Finances pour 2025 a décidé sa prolongation jusqu’en 2031, garantissant une réelle visibilité pour les studios qui engageraient des investissements dans des projets longs et ambitieux.
Des appels à projets nationaux ou Européens permettent d’obtenir des financements significatifs pour le développement de projet innovant en sport santé :
A l’échelle européenne, le programme Erasmus+ Sport permet de financer les projets transnationaux de promotion de l’activité physique pour la santé, de coopération entre structures sportives, éducatives et scientifiques, ou encore de développement d’outils numériques de prévention.
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Grands projets industriels de décarbonation 2026 (GPID)