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Le câble qui pourrait boucher le vieux port

Le 1 mars 2018

Après la baleine qui a récemment défrayé la chronique dans le vieux port, Marseille est le théâtre d’un nouvel évènement d’ampleur mondiale. En effet, en 2017 un opérateur indien a choisi d’initier un projet de nouveau câble transatlantique sous-marin haut débit entre la cité phocéenne et New York (7200 km).
Marseille profite ainsi des retombées du Brexit. L’objectif affiché par Flag Telecom étant d‘éviter le Royaume-Uni et les nombreuses incertitudes entourant sa sortie de l’Union Européenne.

 

Croissance de la demande mondiale

En 2013, environ 99 % des communications transitaient sous les océans. Désormais, le trafic Internet pourrait tripler d’ici 2020. La construction de nouvelles infrastructures est ainsi un enjeu majeur pour les opérateurs comme pour les géants d’internet.

À titre d’exemple, Google a participé en 2016 à la mise en service d’un câble sous-marin reliant le Japon et les États-Unis. De nombreux investissements hautement stratégiques sont ainsi réalisés. Le but est de satisfaire la demande croissante de milliards d’utilisateurs dans le monde. Un réseau géant de plus de 250 câbles sous-marins permet d’assurer l’échange de données entre les principaux hubs. Un quart d’entre eux passe actuellement par le Royaume-Uni.

 

Risques du câble transatlantique pour les opérateurs Internet 

Le projet au nom évocateur et provocateur « Brexit 1 » a été initié afin de parer aux évolutions légales britanniques. Leur gouvernement pourrait effectivement obliger les acteurs de l’Internet présents dans le pays à stocker localement l’ensemble des données personnelles collectées sur le territoire. En effet, le Royaume-Uni ne bénéficie pas du « Privacy Shield » signé entre les USA et l’Union Européenne en 2016. Les autorités anglaises seront également libres de fixer de nouvelles taxes sur les flux transitant par la Grande-Bretagne.

 

Retombées économiques 

Les retombées du projet devraient être plus que positives pour la cité phocéenne. Elles renforceraient notamment son attractivité vis-à-vis des entreprises du digital. Marseille ambitionne d’être considérée comme une plaque tournante du numérique en Europe. La ville accueille déjà des géants du net tels qu’Amazon ou Facebook.

Ce câble transatlantique, qui arriverait directement sur les plages du Prado, pourrait profiter des possibilités d’interconnexion et de la présence de data centers. Cela ouvrirait de nouveaux horizons aux opérateurs et fournisseurs de contenus. Le réseau existant comporte treize autres câbles sous-marins. Il donne déjà des accès privilégiés vers les marchés émergents d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Asie.

 

Aspects techniques et performances du câble transatlantique

Les aspects techniques du projet n’ont pas encore été dévoilés. La faisabilité est néanmoins à l’étude. Un consortium est par ailleurs en cours de formation pour financer le projet. Le coût estimé avoisine les 340 M€. L’une des principales difficultés déjà envisagées est l’enfouissement du câble dans le détroit de Gibraltar. Ceci afin d’éviter tout risque d’accident dans la zone.

On peut supposer que, si le projet Brexit-1 aboutit, ses performances techniques pourraient être au moins comparables à celles d’un autre câble transatlantique, celui de « MAREA », financé par Microsoft et Facebook. Il s’apprête à relier la côte Est américaine et le port de Bilbao en Espagne (6600 km).

MAREA est actuellement présenté comme le câble Internet sous-marin le plus puissant au monde. Son débit est complètement hors norme. Il peut transmettre 160 térabits de données par seconde. Il s‘agit de « l’équivalent de 71 millions de vidéos HD lues en streaming au même moment (…) et de 16 millions de fois notre connexion à la maison. » compare Microsoft.

 

“Les câbles sous-marins atlantiques transportent déjà 55 % de données de plus que les câbles transpacifiques, et 40 % de données supplémentaires par rapport aux câbles reliant l’Amérique du Nord à l’Amérique du Sud (…) La quantité de données qui transite à travers l’Atlantique en permanence va encore s’accentuer dans les années à venir”, Brad Smith, président de Microsoft.


Par Aurélien NOAILLY, consultant en financement de l’innovation ACIES | ABGI