La production de l’hydrogène vert et son avenir dans le transport
Le 6 février 2023
Par Pierre MARRION, Expert Scientifique
Depuis 5 années, la filière Transport observe un recul des ventes de véhicules et donc un ralentissement des performances de productions de véhicules en bout de ligne. La baisse des ventes principalement sur la motorisation thermique laisse place aux véhicules à énergie nouvelle (électriques, hybrides…). Les ventes tentent rester stables en perspectives, alimentées par une mixité énergétique avec laquelle les industries devront composer à l’avenir. Ceci, malgré le contexte de la baisse de la consommation dans un contexte morose de crise Covid et de crise des composants électroniques.
Globalement, les problématiques d’approvisionnement de matières premières et les conséquences du conflit entre l’Ukraine et la Russie continuent de peser sur une industrie qui met à rude épreuve sa capacité de résilience. Pour exemple, chaque grand constructeur affiche des résultats financiers corrects malgré la baisse des ventes. Les constructeurs changent leurs stratégies de vente. Ils réorientent ainsi leurs systèmes/plateformes de production industrielles, entrainants avec eux les équipementiers. Néanmoins, cette approche possède quelques limites, et les sites industriels observent des goulets d’étranglement logistiques.La capacité d’adaptation de la filière n’est plus à démontrer. Au-delà des aspects lobbying, des contraintes normatives, la R&D constitue le socle des efforts fournis et à fournir pour appréhender l’avenir de manière agile et intelligente… L’usine, si elle ne l’est pas encore, sera intelligente face à ces défis, elle sera une Smart Factory, une usine du Futur !
Comme le rappelle VISIATIV [3], le concept d’usine numérique a été développé par le Boston Consulting Group. Selon ce cabinet de conseil, l’usine connectée ou usine du futur, sera un environnement où les nouvelles technologies telles que la robotique, l’intelligence artificielle et l’internet des objets permettront une augmentation drastique de la productivité. Il s’agit ainsi d’un nouveau mode de production qui utilise les technologies numériques pour produire les biens, et monitore en temps réel son activité pour optimiser son fonctionnement.
L’usine du futur est de plus une nouvelle approche de la gestion des ressources de production. Son objectif est ainsi de créer des usines intelligentes, plus flexibles et plus efficaces en termes de production et de gestion des ressources. L’usine 4.0 ouvre ainsi la voie à une nouvelle révolution industrielle en utilisant plusieurs technologies innovantes. Celles-ci devront maîtriser l’intégralité de la gestion du cycle de vie des produits ou des services de la société.
L’usine de demain sera par ailleurs une usine qui dialogue. Au-delà des nombreuses implémentations technologiques (réalité augmentée, fabrication additive, internet des objets, Big Data, Cloud computing, simulation numérique, cybersécurité), l’usine devra intégrer une composante supplémentaire et structurelle. Elle devra effectivement intégrer l’interconnexion de toutes ces nouvelles technologiques liées au numérique. En effet, l’interconnexion de ces technologies va permettre de mettre en place un « système de dialogue » entre les outils et postes de travail. Ceux-ci vont donc pouvoir échanger des informations entre eux, mais aussi avec l’extérieur, et ainsi être encore plus efficaces en tenant compte de leur environnement.
De façon globale, cela va permettre d’optimiser l’outil de production, et de répondre ainsi à des enjeux incontournables pour les industriels :
1. Produire plus rapidement.
2. À meilleur coût, et
3. Avec une agilité plus importante.
Nous avons choisi de mettre en avant les efforts fournis ces dernières années par Fiat Powertrain Technologies France. L’usine de Bourbon Lancy n’a effectivement pas attendu la fin hypothétique de la crise sanitaire et filière du moment pour lancer des initiatives. Notamment en termes de conditions de travail, de transformation numérique, ou encore d’innovation sur leur métier de manufacturier.
Par le passé, on a vu apparaitre un projet de développement de plateforme collaborative et digitale, nommée UNITI, pour mutualiser les compétences locales des entreprises qui ne se côtoient jamais. Ou encore, un projet de réutilisations d’imprimantes 3D initialement dédiées aux pièces de production utilisées pour produire des équipements de protection sanitaire.
L’ouverture d’esprit des dirigeants de cette usine, et la mobilisation des équipes ont permis de fonder de vraies démarches d’innovations pour améliorer le métier industriel. En l’occurrence, Fiat Powertrain Technologies, a monté un programme de recherche sur plusieurs piliers technologiques en collaboration avec l’INSA LYON.
Ce qui caractérise cet exemple est la force de l’écosystème créé autour de ces initiatives. En effet, chaque projet a été supporté par les institutionnels. A l’image de la Communauté de communes Entre Arroux, Loire et Somme (CCEALS) pour le projet UNITI. Ainsi que des académiques, à l’image de L’Université de Lyon et de l’INSA de Lyon pour les 4 thèses. Pour rappel, l’usine de moteurs FPT Industrial de Bourbon-Lancy est le premier de ses principaux sites mondiaux à avoir obtenu la certification de niveau Or du programme World Class Manufacturing (WCM).
Comme évoqué dans un précédent article, il faudra financer ses initiatives R&D. En revanche, les guichets de financement n’interviennent pas en globalité sur toute la chaîne de valeur. C’est pourquoi, il faut structurer ses efforts de R&D, et il faut maturer ses projets avant de cibler le bon guichet de financement.
À l’image de l’engagement au printemps 2021 du commissaire européen Thierry Breton à faire reconnaître l’industrie comme moteur de la croissance et de l’autonomie stratégique européenne ; les pouvoirs publics devront fournir des résultats afin d’adapter l’industrie française aux nouveaux défis contextuels, et permettre à ses filières de répondre à la double transition écologique et numérique.
L’objectif est de réindustrialiser la France pour renforcer sa position internationale. La R&D et l’innovation sont en particulier des leviers puissants pour se différencier et gagner en souveraineté. Notamment face à la hausse de la concurrence mondiale, à la difficulté d’approvisionnement, au souhait de sobriété sur l’utilisation des ressources, ou encore en termes d’interactivité des acteurs locaux (industriels et institutionnels) au sein des filières.
[2] Automobile Industry Pocket Guide 2022-2023. September 2022
La production de l’hydrogène vert et son avenir dans le transport
[LIVRE BLANC] Procédés industriels dans le secteur Automobile autour de l’acier