Point d’étape | Projet de Loi de finances 2025
FR Agroalimentaire Actualités Regard d'experts
Par Lorette BERTIN, Experte scientifique et Danaelle Bakhshaei, Consultante en financement de l’innovation
En 2021 l’industrie agroalimentaire française regroupait environ 17 372 entreprises, générant un chiffre d’affaires de 200 milliards d’euros. Parmi les secteurs, les produits laitiers occupent la première position, générant 20 % du chiffre d’affaires, suivi par le secteur de la viande qui en représente 18 % et les boissons 16 %.
Face à des consommateurs français de plus en plus exigeants, le besoin d’innovation devient un impératif incontournable pour rester compétitif. Cette innovation s’articule autour de différents axes, englobant les processus de productions, les produits et l’environnement.
Avec 1,5 % du chiffre d’affaires alloué à la R&D, l’industrie alimentaire compte environ 3000 innovations produits chaque année. Sectoriellement :
Alors, quels sont les enjeux d’innovation du secteur agroalimentaire ?
La demande croissante des consommateurs d’aliments plus sains et bénéfiques pour la santé a conduit à une prise de conscience générale sur les enjeux liés à la nutrition. Les attentes actuelles des consommateurs incluent la réduction des taux de sucres et de matières grasses, l’élimination des additifs jugés néfastes, et la préférence pour des aliments plus naturels et biologiques.
Dans le cadre de cette dynamique axée sur la santé alimentaire, l’innovation produit est au cœur des recherches.
Outre l’amélioration des formulations recettes pour des solutions plus saines, d’autres stratégies novatrices se dessinent. Par exemple, les alternatives végétaliennes et végétariennes. Les entreprises s’engagent dans la recherche de substituts de viande par des solutions végétales, tout en préservant les besoins nutritionnels et les caractéristiques sensorielles. Ces alternatives offrent des options plus saines, en réduisant souvent la teneur en graisses saturées, en éliminant les produits d’origine animale, tout en diminuant l’empreinte carbone des produits.
L’innovation dans les processus de production a permis la création de nouveaux procédés. Par exemple, l’adoption de technologies avancées, telles que l’intégration de robots en agroalimentaire et l’utilisation de drones dans l’agriculture ont généré de grands progrès dans ces secteurs. Ces innovations ont optimisé la productivité, réduit les coûts de main-d’œuvre et économisé significativement du temps.
Pour illustrer ces avancées, des systèmes exploitant l’intelligence artificielle sont déployés au sein des installations de transformation des céréales. Ces dispositifs automatisés assurent le tri et la sélection automatisés des grains de céréales en accord avec des critères de qualité prédéfinis. Ce processus améliore ainsi de manière significative la qualité du produit final tout en accroissant l’efficacité de la production.
Le secteur industriel est l’une des principales sources d’émissions de gaz à effet de serre. L’industrie agroalimentaire occupe une place significative parmi ces activités émettrices de GES. Pour répondre à cette réalité, des mesures ont été prises, avec l’introduction de réglementations et de normes telle qu’ISO 14064 qui permet d’améliorer la gestion des émissions de GES en quantifiant les émissions afin de cibler les sources les plus importantes et les réduire de manière efficace.
Face à ces impératifs environnementaux, les entreprises du secteur se trouvent dans l’obligation d’innover pour s’ajuster aux exigences changeantes et se conformer aux standards environnementaux en vigueur.
En 2020, les investissements environnementaux des industries agroalimentaires en France ont atteint 305 millions d’euros, se positionnant au 2e rang en termes de secteur allouant le plus de dépenses engagées, derrière celui de l’énergie. Ces chiffres témoignent d’une prise de conscience collective au sein de l’industrie quant à la nécessité de repenser les processus de production, les modes de consommation et la gestion des ressources.
Cette prise de conscience se traduit notamment par la décarbonation de l’industrie. Les entreprises bénéficient de différentes aides à ce sujet au travers, notamment, d’appels à projets R&D centrés sur l’efficacité énergétique, la décarbonation des procédés, et la gestion du CO2. Parmi les industries agroalimentaires, 19 % d’entre elles ont introduit des innovations ayant un impact important sur leur consommation d’énergie.
ID Partner a remporté l’appel à projets « Entreprises engagées dans la Transition Écologique » avec ce projet novateur. Il s’agit d’un pasteurisateur alimentaire à induction destiné aux petits producteurs. Cette solution leur permet de réduire leur empreinte carbone en réalisant la pasteurisation eux-mêmes. L’objectif d’ID Partner est de concevoir un pasteurisateur compact capable d’atteindre rapidement des températures précises et de traiter divers produits de manière continue. La pasteurisation continue permet de recycler l’énergie pour préchauffer et refroidir le produit une fois pasteurisé.
D’autres enjeux environnementaux sont au cœur des tendances, comme les emballages. En effet, la réduction des emballages et le changement de matériaux d’emballage sont également des défis majeurs à relever. À noter que 17 % des entreprises agroalimentaires ont introduit des innovations importantes pour faciliter le recyclage des produits par l’utilisateur final.
Depuis 2014 des chercheurs ont révolutionné le domaine en développant des étiquettes de la taille d’un grain de maïs à coller sur l’emballage des produits. Ces étiquettes ont la capacité unique de changer de couleur, signalant ainsi la détérioration du produit. L’une des méthodes clés employées implique l’utilisation de nanotubes d’or rouge, de gélatine, de chlorure d’argent et de vitamine C. Au fil du temps, la vitamine C et le chlorure d’argent interagissent, formant une couche d’argent sur les nanotubes. Cette technologie réagit à divers indicateurs de dégradation tels que le pH, l’activité de l’eau, la température, etc. Cette réaction modifie la composition chimique, la forme et la couleur des nanotubes, induisant ainsi un changement de couleur du packaging. Ce changement de couleur alerte que le produit frais devient inapte à la consommation ou présente un risque.
Bien que cette avancée puisse contribuer à réduire les déchets alimentaires aux États-Unis jusqu’à 8 %, elle n’est pas sans défis. Les coûts supplémentaires associés à cette technologie représentent un défi que le marché n’est pas encore prêt à assumer pleinement. Cependant, en dépit de ces obstacles, l’élaboration d’indicateurs fiables de la péremption des produits alimentaires demeure une solution durable et prometteuse pour l’environnement ainsi que pour la réduction des déchets.
Par Lorette BERTIN, Experte Scientifique, Membre de la Communauté des Experts ABGi
et Danaelle Bakhshaei, Consultante en financement de l’innovation
Découvrez la Communauté des Experts ABGi. Cette communauté, constituée d’une dizaine d’experts reconnus dans la R&D en France, couvre à la fois le financement direct et indirect de l’innovation. En mettant à profit leur savoir-faire technique et leurs connaissances approfondies, ces experts se tiennent au service de vos entreprises. Cette approche garantit une veille continue et exhaustive sur les dispositifs de financement. Elle se matérialise par des points de vue sectoriels réguliers et une contribution active à la vie de l’écosystème R&D.
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