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Par Florent TALANDIER,
Consultant senior en financement de l’innovation – ACIES | ABGI Group
Une « voile solaire » ou « photovoile » désigne un système de propulsion mettant en œuvre la pression de radiation émise par une étoile (le Soleil par exemple) afin d’engendrer un mouvement dans l’espace. Cette technologie est rendue intéressante par les limitations propres aux technologies de propulsion électriques ou chimiques actuelles (problématiques de distribution d’énergie complexe, d’intégration de batteries ou encore de réservoirs sous pression).
La pression de radiation (ou « pression de rayonnement ») est issue du rayonnement électromagnétique appliquée sur une surface donnée. Les valeurs de ces pressions étant très faibles (de l’ordre de la dizaine de picobar pour 1 m² de surface considérée ), ce phénomène est donc intéressant pour les objets ayant déjà atteint leur vitesse de libération ou de satellisation.
Plusieurs prototypes de petite taille, destinés à mettre au point les systèmes de déploiement et de contrôle d’orientation particulièrement délicats, ont été placés en orbite ou sont en cours de développement :
Le programme “Sunjammer” de la NASA, prévoyait une voile solaire d’une superficie de 1200 m² et d’une masse de 32 kg en Kapton. Le kapton est un matériau très léger et très résistant aux conditions spatiales extrêmes, avec une épaisseur de 5 µm. Ce projet a néanmoins été stoppé en raison de difficultés de développement. Cela témoigne du caractère complexe et incertain de ce concept.
En effet, quelle que soit l’architecture de voile considérée, des difficultés sont présentes :
Par ailleurs, même si l’espace est quasiment démuni de forces de frottement, l’élément équipé de voiles solaires reste soumis aux forces gravitationnelles qui l’entourent : Terre, Soleil, Lune ou toute autre planète en cas d’exploration spatiale. Pour limiter cet effet, il est nécessaire de développer un objet présentant une faible masse. Cela rend alors difficile le déploiement d’une voile solaire de grande dimension et limitant donc la pression radiative. Cela ajoute ainsi une complexité mécanique et constitue une source potentielle d’échec.
Enfin, dans l’optique de mise en orbite d’un tel vaisseau de propulsion par voile solaire autour d’une planète du système solaire ou bien même d’une exoplanète d’une autre étoile, il convient de pouvoir freiner le vaisseau (par pression de radiation, assistance gravitationnelle des exoplanètes…). Compte tenu de la vitesse extrême atteinte et des objectifs de légèreté, cela représente une grande complexité et constitue un défi important pour les chercheurs des générations à venir.
Malgré ces difficultés techniques, différents acteurs de l’exploration spatiale étudient sérieusement ce concept. À terme, l’objectif est de mettre au point des vaisseaux spatiaux capables de voyager dans le système solaire et au-delà. En effet, cette nouvelle approche des voyages spatiaux pourrait théoriquement permettre d’atteindre Mars en 3 jours (pour un vaisseau inhabité d’une masse d’une dizaine de grammes) au lieu de 5 mois actuellement, ou bien Alpha du Centaure en 15 ans au lieu de 40 000 ans. Ceci ouvre ainsi de nouvelles perspectives d’exploration galactique au-delà du système solaire.
Casner, Déformations, manipulations et instabilités d’interfaces liquides induites par la pression de radiation d’une onde laser. Thèse de l’Université Bordeaux III, 2002.
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