Endométriose, recherche et innovation

 

Le 5 mai 2022

Par Lorette BERTIN | Consultante 

L’endométriose est une maladie gynécologique affectant une part importante de la population. En effet, 1 femme sur 10 en âge de procréer serait aujourd’hui touchée par cette maladie. Bien que largement répandue, l’endométriose a été longtemps ignorée, et reste aujourd’hui mal connue.

 

Cette maladie se caractérise par la présence de tissus semblables à la muqueuse utérine, en dehors de la cavité utérine. Ce tissu, au gré des cycles hormonaux, va générer une inflammation locale conduisant à des douleurs, des lésions et dans certains cas une infertilité. ABGI vous propose de découvrir les recherches et innovations en cours sur cette maladie.

 

L’endométriose : une maladie médiatisée et un enjeu de santé publique

Longtemps ignorée, cette maladie a été mise en lumière par Laëtitia MILOT, rapidement rejointe par d’autres personnalités publiques.

 

Les études épidémiologiques réalisées sur le sujet estiment qu’au moins 10% des femmes en âge de procréer seraient atteintes, chiffre probablement sous-estimé. Cette maladie représente donc un enjeu de santé publique. Suite à ce constat, le ministère des solidarités et de la santé s’est engagé dans le déploiement d’une stratégie nationale de lutte contre l’endométriose, en mettant l’accent sur 3 axes principaux :

  • La recherche,
  • l’offre de soin,
  • la communication.

 

Endométriose et recherche

La recherche scientifique a redoublé d’effort ces dernières années pour comprendre et identifier les facteurs déclenchant de cette maladie. Malgré des efforts considérables, l’endométriose reste qualifiée de maladie “mystérieuse” tant des facteurs divers ont été identifiés

  • étiologiques,
  • congénitaux,
  • environnementaux,
  • épigénétiques,
  • auto-immuns
  • ou encore allergiques.

 

En effet, si les mécanismes par lequel les cellules d’endomètre quittent la cavité utérine pour intégrer la cavité péritonéale sont connues, ils n’expliquent pas à eux-seuls le tableau clinique associé à la maladie ou la grande variabilité de populations touchées.

 

Endométriose et complexité du diagnostic

La mauvaise connaissance de la maladie, tant sur l’aspect clinique que sur l’aspect cellulaire, conduit à une complexité de diagnostic. En effet, l’endométriose peut toucher différents organes et présente une tableau clinique varié et complexe.

Les associations de patients recensent une errance médicale d’environ 7 ans pour les malades. De son côté, l’INSERM estime le temps nécessaire à l’obtention d’un diagnostic fiable de 6 à 10 ans. Au-delà d’un manque de formation du personnel médical, il n’existe aujourd’hui qu’une seule méthode permettant de diagnostiquer de façon certaine l’endométriose. Ainsi, seule l’analyse d’un nodule prélevé lors d’une coelioscopie permet un diagnostic fiable

 

La coelioscopie étant un acte chirurgical invasif, il n’est pas envisageable de la pratiquer dans un but diagnostic uniquement. C’est donc un faisceau d’indices qui vont amener le praticien à confirmer ou infirmer le diagnostic d’endométriose :

  • tout d’abord, le tableau clinique de la patiente,
  • puis, les résultats obtenus par imagerie ou coelioscopie,
  • et enfin, la disparition des symptômes lors d’une aménorrhée médicamenteuse.

 

L’innovation au service des patientes

Pris ensemble, tous ces éléments mettent en évidence la nécessité de développer un outil diagnostic non invasif. Ce dernier doit permettre aux professionnels de santé (gynécologues, sage femmes, médecins généralistes, …), à partir d’un tableau clinique évocateur, d’émettre un diagnostic. Enfin, celui-ci doit être rapide et fiable afin d’apporter une prise en charge adaptée à la patiente.

 

C’est dans ce cadre qu’un groupe de scientifiques, en partenariat avec une entreprise lyonnaise, a étudié la salive de 200 femmes, dont 153 présentaient de l’endométriose, dans l’espoir de mettre en évidence des biomarqueurs différenciant. Leur étude, publiée dans Journal of Clinical Medicine, met ainsi en évidence 109 marqueurs exprimés différentiellement chez les patientes atteintes d’endométriose par rapport aux patientes contrôles. Ces marqueurs constitueraient donc une signature de la maladie.

 

Cette découverte scientifique a donné lieu à la création d’un test salivaire permettant de mesurer le niveau d’expression de ces marqueurs dans la salive. Ce test permettrait, avec une sensibilité et une fiabilité de 96%, de déterminer si une femme serait ou non atteinte d’endométriose.

 

Une innovation prometteuse qui doit encore faire ses preuves

Les résultats obtenus dans le cadre de cette étude restent préliminaires et devront être confirmés sur un échantillon plus large de femmes atteintes ou non par la maladie.

De plus, il existe aujourd’hui de nombreuses maladies présentant comme principal symptôme une inflammation chronique comme, par exemple, la maladie de Crohn. Il conviendra donc de confirmer que les marqueurs identifiés sont bien spécifiques de l’endométriose.

 

Néanmoins, cette avancée scientifique apporte de nouvelles pistes pour la recherche, avec la possible exploration de 109 nouveaux biomarqueurs. De plus, le développement d’un test salivaire rapide et fiable pour le diagnostic de l’endométriose permettrait de réduire l’errance diagnostique et les frais médicaux associés. Enfin, il permettrait d’apporter une prise en charge rapide et adaptée à celles qui en ont besoin.

 

Ainsi, toutes les recherches actuellement menées par les laboratoires sont prometteuses de nouveaux espoirs.

 


Bibliographie

 

Ministère des solidarités et de la santé – Endométriose

National Library of Medicine – Endometriosis: Epidemiology, Classification, Pathogenesis, Treatment and Genetics (Review of Literature)

Inserm – Endométriose : Une maladie gynécologique fréquente mais encore mal connue

EndoFrance Association

MDPI – Salivary MicroRNA Signature for Diagnosis of Endometriosis

Inserm – Un test salivaire pour diagnostiquer l’endométriose, vraiment ?

Ziwig – Diagnostic de l’endométriose : une innovation mondiale

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